Quelle est l'histoire ?
Un enfant abandonné Emile BERTAUT.
Que nous indiquent les photos ci-jointes (de mauvaises qualités) ?
Camille BERTAUT, 18 ans, couturière, née à Paris 12ème, demeurant 38 rue de Bondy, Paris 11ème en garni, non mariée a eu un enfant Emile dont le père s'appelle Emile CHAPENOT, 23 ans, homme de peine, gagnant en moyenne 5 francs par jour et qui a quitté sa maîtresse la voyant enceinte (depuis 3 mois).
Camille n'a jamais quitté Paris. Elle a habité rue de la roquette pendant 15 à 18 mois en garni, puis place de la Nation pendant 5 à 6 mois et enfin 38 rue de Bondy depuis 4 mois.
Son loyer est de 15 francs par mois, elle se propose de rester à Paris. Elle n'a que son travail pour vivre (environ, 1,50 francs par jour) et n'a aucune charge.
Elle n'a aucun autre enfant délaissé ou à charge.
Denis BERTAUT en mars 1880
Camille DELORME en janvier 1881
On a essayé de la détourner de son projet et engagé à contacter l'assistance Publique afin d'obtenir un secours. Elle ne l'a pas fait et ne souhaite pas le faire. Elle sait qu'elle abandonne son enfant et est informée des dispositions pénales concernant les enfants abandonnés.
Emile BERTAUT est donc né le 13/01/1883 à Paris 19ème, enfant naturel, non baptisé, non reconnu par le père et la mère. Il est né chez Mme CAPPEL, sage-femme, 50 boulevard de la Villette.
Naissance d'Emile
J'ai publié cet article dans le groupe Facebook "Généalogie Paris Ile-de-France" en sollicitant notamment Pierre-Valéry Cyrille Archassal.
RépondreSupprimerRéponse de Pierre dans Facebook :
RépondreSupprimerPour essayer d’en savoir plus sur Emile, j’ai commencé par consulter aux Archives de Paris le registre d’entrée des enfants assistés (cote D4X4 54) où on le retrouve effectivement sous le matricule 71086. Né le 13 janvier 1883 il est placé dans une famille d’accueil de l’agence de Montluçon (Allier) une semaine plus tard, le 20 janvier 1883, à cause de « l’indigence » de sa mère.
Puis j’ai consulté son dossier d’admission conservé sous la cote D5X4 686 et là, quelle surprise ! Non seulement il y a les 4 pages que vous connaissez (je vous ai refait les photos de meilleure qualité que les copies dont vous disposiez) mais également beaucoup d’autres choses passionnantes !
Tout d’abord c’est bien sous le nom de Bertout (et non Bertaut) que son dossier est rédigé. Il a d’abord été mis en dépôt le 18/01/1883 par sa mère via le commissariat de police puis abandonné le 19. Il est écrit « qu’elle n’a pas encore quitté son lite de couches ». Comme vous l’aviez déjà vu, la mère déclare avoir 18 ans et être née à Paris, dans le 12e arrondissement, ce que les tables décennales ne confirment pas… cela reste un mystère à éclaircir. Cyril Lefort, une idée ?
En revanche, la page 3 est bien plus lisible pour les parents de la jeune maman ! Denis Bertout est décédé à Montreuil en mars 1880 et la mère s’appelle Camille Delorme et est décédée également à Montreuil en janvier 1881 !
Mais le dossier contient aussi :
- Le bulletin de naissance d’Emile
- L’enquête d’abandon
- Une demande de retenue sur salaire pour l’instituteur du petit Emile qui n’avait pas voulu lui fournir un livre d’histoire de France et de géographie (et la réponse de l’administration)
- Des avis favorables pour l’admission de l’élève à l’école Le Nôtre de Villepreux (voir son histoire ici : http://shvillepreux.canalblog.com/…/2008/08/24/10330332.html)
- Des documents exceptionnels rédigés par Emile Bertaut lui-même dont un petit poème et surtout (je n’ai jamais vu ça), un récit intitulé « Ce que j’ai été, ce que je suis » où il raconte sa vie ! Il y parle de son œil partiellement perdu à l’âge de 5 ans, de son somnambulisme, de son malheur dans la seconde famille d’accueil où il gardait les porcs habillé de haillons, du certificat d’étude qu’il fait exprès de rater pour ne pas entrer dans la vie active à 11 ans, de sa tentative de suicide à l’âge de 13 ans pour échapper à la misère, puis de l’école de Villepreux, de l’embauche par le comte d’Hauvillers, et enfin… le voilà inventeur d’on ne sait quoi !
Il écrira plus tard qu’il avait rédigé cette autobiographie « dans un moment de délire ».
- Une note de l’administration qui dit qu’à l’école d’horticulture il a laissé « le souvenir d’un élève s’attachant à se signaler par le mépris absolu des règles disciplinaires et affectant de ne tenir aucun compte des observations qui lui étaient faites à quelque point de vue que ce fut »…
- Une lettre de Bertout au comte de la Vaux pour lui demander de l’aide financière afin de déposer son brevet pour son invention « intéressant particulièrement la locomotion aérienne », un « propulseur à pulsion latérale et mobile » qu’il décrit avec force détails !
- Sa demande de dot en 1908 satisfaite à hauteur de 300 francs pour devenir horticulteur en 1909
Bref il y a beaucoup de détails sur lui, des pistes nouvelles pour retrouver ses grands-parents... Tout n'est pas fini mais ça s'étoffe et ça avance !
Petit complément de Pierre :
RépondreSupprimerJ'ai oublié de vous dire que le dossier de placement (pour connaître le détail sur son enfance de 0 à 13 ans) est conservé aux Archives départementales des Hauts-de-Seine, comme tous les dossiers provenant de l'agence de Montluçon !
Vous êtes nombreux dans le groupe Facebook à vous intéresser à cette recherche et notamment Sylviane Berthier :
RépondreSupprimerJe vais essayer de bouger une copine, qui avait bien aimé l'archiviste...
Arlette a répondu très vite... qu'elle est d'accord
Des nouvelles de MONTREUIL..
Le jeune et bel archiviste n'est plus là.
Impossible d'avoir accès aux registres, c'est un archiviste qui fait les recherches, et qui n'a rien trouvé sur les TD, ni pour Denis, ni pour Camille.
Le seul accès possible pour les personnes, ce sont les recensements.
Ceux de 1876 étant particulièrement intéressants, j'ai missionné la dame Arlette
Dernières nouvelles de Sylviane Berthier :
RépondreSupprimerLes recensements d'avant 1891 ont été versés aux AD et donc on ne peut pas les consulter à Montreuil.
Mais Sylviane n'a pas dit mon dernier mot !!!!!
Une recherche Filae, de Camille BERTOUT sur Montreuil, donne une publication de mariage du 08/07/1900.
La demoiselle se prénomme Maria Victorine Camille Hyacinthe.
Une nouvelle recherche, sur le même site, avec tous les prénoms, sans indiquer de lieu, donne une naissance qui me plaît bien...
Papa se prénomme Denis et maman s'appelle Hyacinthe Adélaïde (bon, rien à voir) mais le patronyme m'intrigue : DELHORBE..............
Le 25 août 1864, à Croix-Fonsommes , Aisne ( http://archives.aisne.fr/ark:/63271/vtad4934e7ffa46ac23/daogrp/0#id:614189878?gallery=true¢er=1884,-1168 )
Sur cet acte, une mention marginale de son mariage.